Trezmalaouen, le ciel en croix

La Croix de Trezmalaouen à Kerlaz : sentinelle du Finistère | En Finistère

Un ciel de plomb pèse sur la côte du Finistère. Sur la falaise de Kerlaz, la croix de pierre troue les nuages - unique vertical dans ce paysage que le vent couche et tourmente. Sentinelle de granit, contemplative. Elle soliloque face à l'immensité.

Le sentier des douaniers serpente à ses pieds. Ici l'horizon s'ouvre, du Cap de la Chèvre jusqu'à la pointe de Beg ar Garreg. La pierre patinée veille, indifférente aux passages du temps.

La falaise garde d'autres mémoires. Dans ses strates reposent les vestiges romains, leurs cuves à garum ensevelies. Plus bas, une épave du XVIe siècle dort dans la baie. Aux grandes marées, ses bois émergent parfois, rappel des naufrages du passé.

Les archives de Kerlaz gardent le silence au sujet de cette croix. Taillée dans le granit de la côte, elle semble avoir toujours été là, sentinelle surgie du sol même. Les anciens y lisent un ex-voto, une promesse gravée. D'autres, la trace d'un naufrage, de ceux qui rythmaient les hivers avant l'ère des phares.

Le temps l'effleure à peine. Les lichens dessinent leurs archipels sur ses flancs que le vent polit, comme il polit les rochers en contrebas. Dans ce paysage où la terre cède à la mer, elle persiste, ancrage minéral et spirituel.

Simple croix face aux éléments, elle porte l'histoire maritime de ces lieux, tissée de départs et de retours. Sans un mot, elle dit cette relation des Bretons à leur mer - entre crainte et dévotion.