Rond-point de la Liberté

Entre Carhaix et Quimper, la vieille route secondaire déroule son ennui à travers la campagne bretonne. Soudain, surgit de nulle part, un vaste rond-point. Et là, comme une apparition, elle se dresse : la Statue de la Liberté, version mini, figée dans son cadre vert fluo.
"Bienvenue à Gourin", proclame-t-elle, torche levée vers un ciel menaçant. Mais où est Gourin ? Autour, rien que des champs, des arbres, et ce ciel bas qui semble vouloir écraser le paysage.
On frotte ses yeux, on regarde à nouveau. Non, elle est bien là, cette icône new-yorkaise, incongrue sentinelle d'un rond-point breton. Que vient-elle faire ici ?
Le conducteur hésite. Faut-il tourner autour, encore et encore, pour percer le mystère ? Ou continuer tout droit, simplement intrigué.
C'est ça, la magie de Gourin. Une ville qu'on ne voit pas, mais qui s'annonce par un clin d'œil monumental. Un secret bien gardé, une histoire d'émigration et de liens transatlantiques, résumée en une image surréaliste sur un rond-point.
Alors on sourit, on salue Lady Liberty, gardienne d'un seuil invisible. Et on continue sa route, un peu étourdi, avec l'impression d'avoir traversé une frontière improbable entre la Bretagne et l'Amérique, là, au beau milieu de nulle part.