Marée basse à Pont-l'Abbé

Port de Pont-l'Abbé, marée basse. Le soleil d'hiver perce à peine les nuages. Les ombres se découpent sur la coque fatiguée d'un voilier endormi. L'objectif plonge, saisit l'instant dans sa crudité métallique.
Les cordages s'entremêlent sur le pont, serpents assoupis sur la fibre de verre vieillie. Un panneau solaire moderne tranche avec la toile souillée qui protège le cockpit. Les winches attendent leur prochain tour de manivelle. La rambarde blanche trace une ligne de fuite vers l'horizon invisible.
La marée basse paraît enlisée à jamais dans ses sables mouvants, dans l'eau stagnante le vague souvenir d'une mer arrivée jusqu'ici. Pas de pont astiqué ni de cuivres rutilants ici. La toile est grise de sel, les cordages s'effilochent. Les autres embarcations autour ne sont que des silhouettes floues, fantômes de métal et de toile dans la brume finistérienne.